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mercredi 28 mars 2007

Piège à con...tribuables

Copie d'une lettre envoyée au Centre Automatisé de Constatation des Infractions :

Piège à con...tribuables

J’ai eu le “plaisir” de découvrir à mon retour de congés un avis de contravention pour excès de vitesse.
Je dois reconnaitre qu’un kilomètre par heure au-delà de la limite change tout !!! Ca représente en fait un tout petit peu moins de 0,91% de dépassement, ce qui est proprement impardonnable !
Je m’acquite donc immédiatement de ma “dette“ envers la société (90 Euros, tout de même...), mais quelques questions demeurent.
Par exemple, je suis revenu de Carrefour ce soir, en respectant scrupuleusement le 90km/h de rigueur sur cette portion de route. J’ai été dépassé par, au bas mot, 20 véhicules qui m’ont “laissé sur place”. Il ne s’agissait nullement de 0,91% de dépassement, vous vous en doutez !
Et personne pour empêcher ce comportement, aux yeux de tout un chacun bien plus dangereux (dépassement sans visibilité, par exemple) que 0,91% d'excès de vitesse sur une autoroute, de surplus à faible circulation au moment où j’ai été “flashé”.

Autre questionnement : La rue saint-M...achin..., où nous habitons, semble tranquille, mais un certain nombre de jeunes inconscients, qui ont probablement comme seul faire-valoir leur automobile, ne se soucient guère de mettre en péril la vie des piétons du quartier. De toute évidence, les vitesses qu’ils pratiquent ne leur permettent pas de rester maitres de leur véhicule. Si par hasard on risque un geste d’apaisement, pour leur demander de ralentir un peu, certains n’hésitent pas à s’arrêter, faire marche arrière, et venir vous agresser verbalement, voire vous menacer avec un couteau (oui, oui, dans cette petite ville calme de Fontainebleau !).
Là encore, les services de police se montrent cruellement absents.

Je conçois fort bien qu’il soit beaucoup plus facile, beaucoup plus juteux et beaucoup moins coûteux de dresser des contraventions en aveugle pour 0,91% de dépassement, là où on est pratiquement certain que la pêche sera fructueuse (autoroute, sortie d’autoroute, ligne droite large et dégagée) que de s’investir là où il y a de vraies nécessités afin de sécuriser réellement la vie du citoyen. Je n’irai pas jusquà parler de “relever les compteurs”, ce serait insultant (et là n’est certes pas mon intention) à l’encontre des services de police qui sont de toute évidence une nécessité première dans notre société.
Mais l’histoire montre que la “frappe en aveugle” n’a qu’un temps, et que ses inconvénients à moyen et long terme sont bien plus conséquents que ses avantages. J'espère simplement qu'il sera possible un jour d'aller au-delà de ce genre de "punition", au demeurant si facile à contourner, et que bientôt l’aveuglement fera place à la raison tolérante qui a jusqu’à présent fait que la France est un pays si agréable à vivre.

Posted by Emache at 8:50 PM
Edited on: lundi 21 mai 2007 10:04 PM
Categories: Faits divers

lundi 26 mars 2007

Art et facts

 

L’Art ! Le grand mot est lâché !
Oui, je dessine, je fais des photos depuis plus de 40 ans. Je ne fais que jouer avec des images. Dans chacun de mes pastels, dans chacune de mes photos, j’essaie simplement d’enregistrer ce que je vois, et la manière dont je le vois.

Où est l’art dans tout ça ? Je dois avouer que je n’en ai rien à battre. Et ce mot a tellement été galvaudé qu’il n’a maintenant d’autre signification que profit, argent, célébrité, moyen d’être “reconnu”. Peu ou pas à voir avec émotion, instant privilégié, partage, beauté, découverte, initiation ou émerveillement.

Il y a trop de belles choses à regarder ou à faire, je ne veux pas perdre mon temps à m’intéresser à des “Œuvres d’art” que je pourrais créer le matin dans mes toilettes après avoir mangé la veille trois kilos de prunes. Car tout est “art”, maintenant, et votre papier toilette usagé, bien encadré, devrait se vendre, pour peu que vous ayez "le nom qui va bien" et que l’on trouve le “bon argument de vente”.

Il serait vain de vouloir énumérer ici tout ce qui me paraît être très loin d'une démarche réellement artistique (goudron et plumes, polystyrène attaqué à l'acétone ou au vernis à ongles, collage d'objets hétéroclites sur un support aussi inhabituel que possible, le tout avec une grande part laissée au hasard .......). Il me semble que le simple assemblage de plusieurs objets ou une logorrhée rythmée et résolument agressive ne procède pas automatiquemet d'une démarche artistique, loin s'en faut. Qui croit pouvoir amélioer des œuvres majeures du passé en les déformant, en les trempant dans le caca actuel des "artistes" en mal d'inspiration ?

Sous prétexte que l’horreur est bien plus courante que la beauté dans le monde des humains, il semble de bon ton de représenter du sang, des tortures, de la violence, sous le couvert de l’art.
Ou doit-on nommer “art” la simple qualité technique d’une réalisation ?
Peut-être, si on triture une photographie pour lui faire exprimer ce qui n’avait aucunement été enregistré sur la pellicule, est-on un “artiste” ?
Non, je ne puis me résoudre à nommer “art” ce qui fait peur, impressionne par sa technicité, ou désoriente par tricherie exacerbée.

L’art aujourd'hui est beaucoup trop souvent celui de se payer la tête des gens.

Posted by Emache at 10:03 PM
Edited on: vendredi 29 juin 2007 4:55 PM
Categories: Culture

samedi 24 mars 2007

Petit Con !!!

Il est pourtant mignon...

Ya vraiment des têtes à claques !!!
Hier, nous sommes allés à Carrefour. C'est une corvée innommable, mais on s'y plie pour de simples raisons d'économie...
J'ai aperçu, dès notre entrée un jeune couple, lui, blanc, une casquette inénarrable de crasse et de difformité vissée sur la tête, elle, noire, cheveux longs frisés, l'air d'avoir à moitié envie d'être ailleurs, à moitié envie de n'être pas là. Bref, un gentil petit couple comme on en rencontre malheureusement de plus en plus. On est là, on consomme, on consomme l'autre, on se consume à consommer et on s'étiole de consomption, en croyant très fort que changer de partenaire permettrait de refaire le monde et d'être enfin heureux, oubliant par là-même qu'on est pour 50% dans le couple et sa réussite ou son échec.

Après deux heures de recherche dans les rayons sans cesse remaniés pour vous forcer à regarder partout, de lutte à chariot rabattu pour pouvoir simplement passer ou traverser une allée, nous avons enfin pu faire la queue, cette interminable queue entretenue avec soin par toute grande surface qui se respecte.
Dans la queue voisine, ce même gentil couple, que nous avions par ailleurs croisé plusieurs fois dans le magasin.

Et, oh surprise, au moment de reprendre notre véhicule pour nous extirper de ce guet-apens, ce même couple arrive pour charger les achats dans la voiture voisine de la nôtre.
Il ouvre la porte, et commence aussitôt à hurler. Tout d'abord, nous pas comprendre. Et puis il attrape un tout jeune chien, resté dans la voiture pendant les courses, et l'envoie promener sans tendresse aucune. Puis il se met à nettoyer amoureusement son faire-valoir à quatre roues, en tempêtant, et en ne répondant même pas à sa compagne.
Après un moment, il appelle le chien, un Rottweiler soit dit en passant. Celui-ci obtempère, et vient immédiatement s'asseoir près de la voiture.
Environ 15 secondes plus tard, ce petit con ne trouve rien de mieux que de flanquer un bon coup de pied au chiot. Mon épouse bondit hors de la voiture, console le chien, et dit au blanc-bec que s'il n'en veut plus, elle est prête à l'adopter. La jeune femme semble très attristée par ce qui vient de se passer, mais n'en pipe pas une. Lui réagit aussitôt en nous demandant s'il aurait dû donner des chocolats au chien après ce qu'il a fait. Il ajoute que si nous avions eu un chien, nous comprendrions. Quand je lui rétorque que j'en ai eu près d'une dizaine, il essaie de nous convaincre qu'il suit les conseils de l'éleveur. On peut croire que s'il a acheté son rotweller à un soit-disant éleveur de banlieue, c'est le genre de conseil qu'il a reçu. Il faut bien en faire un animal de "défense", qui peut-être bientôt mangera le visage d'un enfant ou la main d'une passante. La méthode la plus sûre pour ce faire est sans conteste violence et épuisement de l'animal par un excès d'exercice, c'est malheureusement bien connu !

J'essaye encore de lui parler posément, en expliquant qu'un chiot laissé seul trop longtemps n'a pas forcément la possibilité de rester sage et propre, il ne sait que dire: "S'il t'avait éclaté ta télé, tu lui donnerais des chocolats, peut-être ? (Au passage, une fixette sur le chocolat, sûrement induite par une enfance éminemment agréable) suivi de "Va te faire foutre, toi avec tes chiens. Et d'abord, le chien, il est à moi, je fais ce que je veux !"
Apparemment, ils n'ont pas encore d'enfant. Mais quelle vie aura un enfant éventuel dans un pareil contexte ? S'il fait pipi au lit, une bonne rouste? S'il refuse de manger, une fessée mémorable ? S'il ne suit pas strictement les ordres, enfermé dans la cave sans lumière pendant trois jours, ou un bon coup de pied dans les tibias ?

Les gens (pour ainsi dire que des hommes) qui font passer leur voiture et leur petite personne avant toute autre chose, avant leurs enfants, leur femme, leur famille, m'ont toujours profondément dégoûté. Et la société dans laquelle nous vivons, entièrement inféodée à la possession égoïste, ne fait qu'agraver les choses, en poussant l'individu à un complet irrespect de ses semblables et de son environnement.

Et la vie continue ...

Posted by Emache at 8:10 PM
Edited on: jeudi 14 juin 2007 12:01 PM
Categories: Comportement

jeudi 22 mars 2007

Au jour le jour

Ces quelques perles glanées au fil des jours n'ont rien d'inventé ou de surfait. Il s'agit d'un produit 100% naturel et authentique...
... et oui, je me dois d'admettre que parfois des mots rudes me viennent à l'esprit...

... Cet espace sera aménagé pour pouvoir être utilisé pendant la pause méridienne...

C'est quoi, une pause méridienne ???
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“Bonjour à tous ,
Toutes nos excuses, une erreur de date s'est glissée dans le précédent message !
Il s'agit bien du 7 mai et non du 7 juin.”

Ouhh!!! la vilaine erreur, et vicieuse avec ça, qui a trouvé le moyen de se “glisser” dans un message !!!
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“Bonjour,
Juste une petite correction me concernant :
pourquoi mon nom de famille est en minuscule alors que les autres sont en majuscules ??
ce n'est rien ....”

Si ce n’est rien, pourquoi le signaler ?
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“OpenOffice, ya vraiment rien à en tirer !”

C’est pour ça que c’est une suite bureautique mondialement reconnue ;-)
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“Pourquoi mon mail me parle anglais, maintenant ? Tu ne l’avais pas installé en français ?”

Duhh !
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“Yen a marre de cette c....... d’ordinateur, y veut jamais obéir!”

Oh! le méchant !!!
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“Open office, dans sa version payante à 150 euros, fonctionne parfaitement !”

Intéressant pour un logiciel libre ...
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“Si si, on peut sauvegarder un disque dur complet sur une clé USB, mes amis me l’ont dit !”

C’est ça, c’est ça, on se calme, il est pas méchant le monsieur...
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l y a une documentation OpenOffice complète en français sur chaque machine.

“Oui, mais c’est trop long à consulter...”
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“La documentation OpenOffice est beaucoup plus longue que celle de Microsoft Office.”

- 699 pages pour la suite OpenOffice complète, 1675 pages pour Microsoft Word et PowerPoint (équivalent de OpenOffice Writer + Impress).
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“En fait, l’OpenOffice payant s’appelle StarOffice”.

C’est ça, oui...
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“Open Office continue de ne pas fonctionner correctement. Il n’imprime que les images !”

Les images bleues, oui, et pas le texte noir. Mais reste-t-il de l’encre noire dans l’imprimante ? Ben non...
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Le serveur de mail est en panne. On peut toujours envoyer des mails, mais pas en recevoir.

- Alors, il faut que je passe par tombouctou pour envoyer un mail ?
(Juste le besoin d’agresser à tout prix, et apparemment sans avoir compris ce qui précède...)
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“Encore un problème avec OpenOffice : J’ai ajouté un pied de page, et il n’y a pas moyen de ne l’imprimer que sur la première page !”

Ah, parce qu’avec Crosoft, ça marchait comme ça ? Je croyais qu’un pied de page apparaissait sur toutes les pages (Duhh !)
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Oui, mon fichier est sauvegardé, mais pas avec le bon nom !

- OK. Tu sélectionnes le fichier, tu cliques sur son nom, donc tu passes en mode “édition” et tu tapes le nom de ton choix.
- Oui mais pourquoi ça ne marche pas avec OpenOffice ?
- Parce que tu ne lui as pas dit :-) ( vraiment envie d’ajouter un qualificatif..)
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à propos du passage à OpenOffice:
Oui mais quand même, tu te rends pas compte tous les changements qu’ça fait !

Non, bien sûr, je suis respinfo, mais idiot :-)
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J’peux pas rentrer dans mon écran, y r'fuse mon mot d’passe.

Peut-être avec une pioche ou un marteau :-)
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J’peux pas rentrer dans l’micro d'ma voisine, ça m’fait comme à moi hier après-midi.
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On n’arrive pas à imprimer, encore !!!

- Ca marcherait sûrement mieux si vous mettiez votre imprimante en route...
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Allo !! mon ordinateur s’est arrêté tout seul et je n’arrive pas à le redémarrer !

Si tu basculais sur "marche" l’interrupteur de la raquette électrique que tu as basculé sur "arrêt" en marchant dessus, ça serait sûrement plus facile...
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Bonjour, j’ai besoin d’une clé USB.
- OK. Quelle capacité ? 1 Go ?
- J’sais pas. Ca fait quoi ?
- plus d’un CD, environ 1CD 1/2
- Ca va pas être suffisant ! Tu te souviens de cet exposé de Mr. x ? Il avait 3 diaporamas, et on n’a pas pu tout faire tenir sur un seul CD.
- Bon, voyons la taille de ces fichiers.....

En fait, moins de 190 Mo !!! et on a soi-disant pas pu les faire tenir sur un seul CD !!!!
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M..... !! On n’arrive plus à imprimer, c’est sûrement la chaleur

- Avez-vous vu le voyant rouge ? il indique un manque d’encre (trois ans que cette imprimante est en place et que les mêmes choses sont répétées...)
- Ca peut pas être l’encre, on a contrôlé la semaine dernière.
- Contrôlons maintenant, peut-être ?
- Oh oui, la cartouche noire est vide...

Duhhh !!!!
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Ca imprime plus, je sais pas c’qu’y s’passe, déjà hier...

- Ton imprimante n’est pas en route.
- C’est pas ça, j’te dis qu’hier elle marchait pas.
- Essayons de la mettre en route... Oh tiens, ça marche...
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M....., y a plus de réseau, ou quoi ?...

- Depuis ce matin 8h30, le routeur est en panne, donc pas de réseau, donc pas de mail.
- C’est pas ça, on voulait juste regarder la météo.
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Vu dans un mail adressé à tous :
“ Cette année, les doctorants du site ayant des enfants pourront se joindre à ce moment festif.”

Expliquez-moi comment on peut se joindre à un moment...
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M....., on n’imprime plus !

Et si on mettait un peu de papier dans l’imprimante ? Ca aiderait sûrement...
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Lors d’un changement de serveur mail (nouvelle machine, nouveau software), je préviens le personnel (après deux mails d’avertissement) qu’il faudra récupérer les derniers mails peu avant 10 heures, (le basculement devant être effectué juste avant le rafraîchissement du DNS qui a lieu toutes les heures).

Réponse : “Oh oui mais nous, à 10 heures, on est à la cafétéria !”
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J’ai lancé une impression, et je ne sais pas où elle est partie, alors je fais le tour des bureaux pour essayer de la retrouver...
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Ca imprime encore plus !

- Regardons quelle imprimante est sélectionnée... Comment se fait-il qu’une imprimante d’un autre service soit sélectionnée ?
- Sais pas moi, ça s’est coché tout seul...
- Et elle s’est probablement aussi sélectionnée toute seule comme imprimante par défaut...
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Posted by Emache at 9:30 PM
Edited on: lundi 16 avril 2007 3:10 PM
Categories: Informatique

Jargon

Notre belle langue française m’a toujours semblé se suffire à elle-même, et parfaitement capable d’exprimer tout ce qui doit l’être. Apparemment, la société moderne a de plus en plus besoin d’artifices, d’expressions dont l’emploi vous garantit d’être toujours “dans le coup”
Voici juste quelques délicatesses relevées au jour le jour...

“en termes de”

L’expression, “en termes de”, est utilisée sans modération aucune et bien souvent sans grande raison apparente. Quelques exemples, bien réels, glanés ici et là:
- Dans la bouche d’un responsable (il se reconnaîtra sûrement) rendant compte d’une enquête:
“En terme de réponses, il y a des OUI et des NON”.
- Le même responsable:
“Il faudrait qu’on se voie pour discuter en termes de redéfinition des tâches”.
- Le même, encore:
“En terme de coût, ça va être cher”.
- Dans une revue technique considérée comme sérieuse:
“Pour autant, les résultats en terme de produits sont contrastés.”
- Une sociologue:
“En terme de santé publique, ce n'est pas tant la consommation d'alcool en soi qui occasionne des problèmes”
- Un consultant:
“J’accompagne les choix d’architectures dans les entreprises clientes en termes de composants logiciels”.
- Un internaute intéressé par un logiciel :
“ Le logiciel trucmuche nécessite une bonne configuration en terme de puissance et de rapidité."

La liste pourrait être vraiment longue, mais à quoi bon ? Tout le monde peut voir que cette expression n’apporte pas de simplification.
Prenons la première citation :
12 mots pour exprimer ce qui aurait pu être dit en quatre : “Les avis sont partagés”, et de manière beaucoup moins correcte.
Ca laisse rêveur, non ? Mais bon, faut bien trouver un moyen nouveau d’être classieux..

Le “On demand”

Bien évidemment, l’expression française correspondante, “à la demande” ne convient pas, elle n’a pas le même “impact”. Et puis, “on demand” fait neuf, voire innovant, alors que l’expression “à la demande” a un relent de déjà vu inacceptable. Comment voulez-vous convaincre un client éventuel en utilisant un vieux concept ?
Quand j’était petit, on allait voir le cordonnier du coin qui adaptait nos chaussures à nos pieds, le boucher coupait le morceau de viande de la taille exacte qui nous convenait, même le boulanger coupait un morceau de pain qu’il pesait ensuite ou détaillait la levure pour la patisserie du dimanche. Il ne s’agissait pas alors de faire du “business on demand”, mais simplement de répondre à la demande du client. C’était très satisfaisant pour le client, et valorisant pour l’artisan.
Il est déplorable de voir qu’à l’heure actuelle, une nouvelle expression ne définit pas un nouveau concept, mais simplement une nouvelle manière d’abuser le client. (Bien sûr, c’est un peu plus cher, mais c’est “on demand”...).
A tout prix faire gober au client qu’on se met en quatre, voire beaucoup plus, pour satisfaire ses moindres caprices, et derrière ça lui fournir ce qu’on a en stock, en le persuadant que c’est exactement ce dont il a besoin, sous l’étiquette “on demand”, voilà le dernier chic.

Les “Solutions”

Ne me dites pas que vous n’avez pas de problème, ça n’est pas possible. Si autant de fournisseurs de (quoi, au juste ???) vous affirment qu’ils ont votre solution, c’est que vous avez un problème. D’ailleurs, comme dit la chanson, “Something’s not right if there is nothing wrong”.
Il faut être gonflé pour se permettre de dire “nous avons la solution”, comme ça, d’emblée, mais ça ne manque pas: “truc-bidule, la solution à vos problèmes de chose”, ou “vous avez un problème, nous avons la solution” sont des slogans qu’on trouve au moins une fois (plutôt plusieurs) dans tout canard informatique qui se respecte (...peut-être pas tant que ça, après tout...).
Le pire de l’affaire est que ces fourniseurs de solutions dépensent énormément d’énergie simplement pour vous convaincre qu’effectivement, VOUS avez ce problème. Ne cherchez pas à prouver le contraire, c’est peine perdue. Si vous ne l’avez pas encore, c’est juste une quetion de temps, et vous l’aurez forcément. Alors, pourquoi attendre ? Achetez le solution, ainsi vous ne serez pas importuné par ce problème, vous ne le verrez même pas, et vous pourrez envisager l’avenir sereinement ...(ceci dit, rien ne vous assure que vous auriez rencontré ledit problème)

Le “Cordialement”

Parlons un peu du “cordialement”, maintenant. Ce mot est supposé traduire que ce qui est ou fut fait l’est ou le fut avec le cœur.
On le trouve de nos jours à la fin de 80% des mails reçus soit de collègues, soit d’entreprises.
Les collègues, tout d’abord. Je puis affirmer que je reçois des “cordialement” (individuels, bien entendu, autrement ma remarque perd tout son intérêt) de personnes ne pouvant absolument ps m’encadrer, et je sais fort bien que ce qui est fait, dans ce cas-là, l’est uniquement par nécessité ou obligation. Que veut dire alors ce “cordialement” ?
En ce qui concerne les entreprises, désespérément à la recherche d’un partenariat, ou plus simplement d’Euros sonnants et trébuchants, “cordialement” est-il sensé vous faire croire qu’on vous aime, et donc vous attendrir suffisamment pour influencer vos investissements ? Très probablement.
En fait, ce mot est devenu un incontournable de l’indifférence compassée dans la relation.

Les sigles et le pseudo-savoir

Sigle avant toute chose, sigle encore et toujours... Ouvrons une revue informatique, disons dans le style “parlons du monde”.
Sur la première page, on relève, en vrac : CXP, AFAI, SAP, LVMH, PCIS, PGI, GRRC, GED, SIG, SSII, DSI, VPC, j’en passe...
Page suivante, on apprend avec intérêt que les décisions relevaient par le passé à 80% des DSI et à 20% des DAF, et que les SSII ont du mal à se différencier auprès des DSI.
Passons les pages où il est question d’une tentative d’OPA d’une SSII sur une PME, de l’ERP miracle qui gère efficacement les contraintes des fournisseurs de grande distribution (RFA, DLC, MDD, FIFO, GPA, EAN, EDI), ou du DSI qui prône le redéploiement offshore, et le regroupement de knowledge management, RH, PGI et benchmarking.
Ensuite vient un article sur les risques encourus lors de l’installation d’un PGI pour la gestion fiscale d’une PME-PMI, nécessitant (bien évidemment...) l’utilisation d’une RAO permettant de ménager la GRC. Sans oublier que ladite GRC s’enrichit de fonctions décisionnelles, fait appel à des outils d’EAI, et revient au pragmatisme.

Il semble que cet imbuvable jargon remplisse de joie tout le monde, à en croire les photos de ces responsables souriants et amènes, sûrs d’eux, et pour qui tout va très bien (non, pas possible, sinon à quoi serviraient les “solutions”?), qui parsèment ce genre de revues... Peut-être que la parfaite compréhension de ce charabia vous confère une supériorité indiscutable ? Ou bien ces sourires sont-ils l’ultime rempart contre la désespérance la plus totale devant l’insipidité de ce galimatias ?
En fait, il suffit d’utiliser suffisamment des ces termes à peu près dans le contexte pour paraître la plupart du temps cultivé en profondeur, dans un monde où les personnes qui vous entourent n’en savent guère plus que vous, et où, si vous vous trompez, les autres n’oseront pas le relever de peur d’afficher la méconnaissance d’un nouveau concept...
Bref, l’utilisation outrancière de sigles de tout acabit vous plonge dans un monde moyennageux, où l’utilisation du latin, même à mauvais escient, représentait le seul “savoir” du médecin et lui conférait tout son pouvoir.
J’ai entendu récemment quelqu’un me dire le plus sérieusement du monde : “Moi, j’étais un DSI, mais à la suite d’un différend avec le DAF qui se plaignait de ma mauvaise GRC, j’ai décidé de créer ma propre SSII, avec une spécialisation en GED”. Ca a le mérite d’être clair, ça, non ?
Et surtout, ne vous avisez pas de poser la moindre question pour tenter d’éclairer votre lanterne, vous risquez d’être pris au mieux pour un ignorant, au pire pour un vicieux tentant de prouver que votre interlocuteur en est un...

Posted by Emache at 9:30 PM
Edited on: mardi 28 août 2007 3:07 PM
Categories: Langage